Le héron : la fable intégrale
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,
Le Héron au long bec emmanché d’un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours ;
Ma commère la carpe y faisait mille tours
Avec le brochet son compère.
Le Héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord, l’oiseau n’avait qu’à prendre ;
Mais il crut mieux faire d’attendre
Qu’il eût un peu plus d’appétit.
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l’appétit vint : l’oiseau
S’approchant du bord vit sur l’eau
Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s’attendait à mieux
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
La Tanche rebutée il trouva du goujon.
Du goujon ! c’est bien là le dîner d’un Héron !
J’ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
Il l’ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu’il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner,
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
Bien des gens y sont pris ; ce n’est pas aux Hérons
Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;
Vous verrez que chez vous j’ai puisé ces leçons.
Une déception qui fait réfléchir
Dans cette fable, le héron se promène au bord de la rivière et aperçoit un brochet ainsi qu’une carpe nageant ensemble dans l’eau. Le héron n’a pas faim alors il ne les attrape pas en se disant qu’il pourra le faire plus tard. Mais lorsque la faim lui vient, c’est trop tard car les deux compères sont déjà partis. D’autres poissons sortent de l’eau mais le héron estime pouvoir avoir mieux et refuse d’en faire son repas. Puis, de petits poissons sortent de l’eau à leurs tours. Déçu et désespéré, le héron décide de s’en contenter après une longue réflexion mais ils prennent aussitôt la fuite. Le héron se retrouve l’estomac vide, et s’il veut manger, doit se nourrir d’une pauvre limace.
« On hasarde de perdre en voulant trop gagner » : ce que le conteur veut faire comprendre à vos petits lecteurs, c’est qu’à force de toujours vouloir plus, le risque est de ne rien avoir du tout. Il faut donc parfois se contenter de ce qu’ils ont car ils risquent d’être déçus par ce qu’ils trouveront plus tard. Ils doivent donc bien réfléchir avant de refuser ce qui leur est offert au moment présent.
Mini vrai-faux
Proposez ces trois affirmations à vos enfants et demandez-leur si elles sont vraies ou fausses.
1. La cigogne est la femelle du héron.
2. Le héron ne peut pas voler.
3. Le héron est trouvable en France.
Réponses : 1. Faux, c’est une espèce différente mais qui fait partie de la même famille des échassiers. 2. Faux. 3. Vrai.
Coloriage de héron
Imprimez ce dessin en format A4 et distribuez à chacun un ou plusieurs feutres de couleurs. Demandez aux plus habiles de colorier les détails et laissez champ libre aux plus petits pour qu’ils puissent imaginer et dessiner le paysage où se trouve l’oiseau.