Inventé en 1829 par Louis Braille, l’alphabet braille est une écriture universelle en point saillant que les non-voyants et malvoyants peuvent déchiffrer grâce au toucher. Le braille reproduit les lettres de l’alphabet à l’aide de différentes combinaisons formées par 6 points en relief. Ce système, qui permet de représenter jusqu’à 63 caractères, peut ainsi être utilisé aussi bien pour les chiffres que pour la musique, les symboles mathématiques ou les formules chimiques. Ainsi, toute langue utilisant l’alphabet latin emploie les mêmes signes braille pour les lettres, les accents et autres symboles. On estime aujourd’hui que six millions de personnes non-voyantes utilisent le braille dans le monde. En revanche, d’un alphabet à l’autre la signification de chaque signe diffère. Ainsi, un Japonais ne pourra comprendre le braille italien, de même qu’un Grec ne pourra pas comprendre le braille coréen !

Comme on s’initie à une seconde langue, le braille peut s’apprendre à tout âge, que l’on soit non-voyant, malvoyant ou voyant. De la même manière qu’il est possible d’apprendre la langue des signes en famille, s’initier au code braille est envisageable. Il faut compter environ six mois de formation pour apprendre le braille intégral et douze mois pour le braille abrégé. En effet, afin de pouvoir être facilement lu, le format de l’alphabet braille est adapté à la pulpe de l’index, ce qui en fait un alphabet bien plus grand que l’alphabet latin par exemple. Un texte écrit en braille est généralement 30 à 50 fois plus volumineux qu’un texte « ordinaire ». C’est pourquoi, un braille abrégé utilisant des contractions de mots, de suffixes et de préfixes, a été créé. Écrire en braille demande par ailleurs un matériel adapté. On peut par exemple utiliser une tablette métallique ou plastique et un poinçon (il faut alors écrire en miroir), une machine à écrire spéciale de type Perkins, une imprimante braille (une embosseuse), ou encore d’un ordinateur spécifique équipé d’une plage braille.

Si aujourd’hui le braille, traduit dans 133 langues, est devenu le système prééminent d’écriture et de lecture tactile pour les non-voyants du monde entier, c’est en grande partie grâce à la ténacité de Louis Braille qui poursuit les recherches de ses prédécesseurs, dont les inventions marquent de grandes avancées mais se révèlent perfectibles. En 1670, le prêtre italien Francesco Lana de Terzi est le premier à développer un système d’écriture en relief pour les aveugles. Un siècle plus tard, Valentin Haüy fonde l’Institution des Enfants Aveugles, la première école pour les enfants déficients visuels, avec l’ambition de permettre aux aveugles d’accéder à la lecture. Il met alors au point une méthode de lettres en relief de grand format. Par la suite, Charles Barbier de la Serre, ancien officier d’artillerie, développe la « sonographie », un système permettant de retranscrire 36 sons sous forme de points. En 1821, il le présente à l’Institution royale des jeunes aveugles où est alors scolarisé un enfant de 12 ans nommé Louis Braille.

Louis Braille nait le 4 janvier 1809 à Coupvray, un petit village situé à une quarantaine de kilomètres de Paris. Dans l’atelier de son père, qui exerce le métier de bourrelier, une fabrique de harnais, de colliers et des courroies pour les chevaux, l’enfant alors âgé de 3 ans perd accidentellement un œil en jouant avec un outil. La blessure s’infecte, atteint l’autre œil et provoque la cécité complète du garçonnet. Malgré son handicap, ses parents souhaitent qu’il reçoive une bonne instruction et l’envoient à l’école du village où grâce à son excellente mémoire il retient facilement les leçons, à 10 ans il obtient une bourse pour intégrer l’Institution Royale des Jeunes Aveugles. Louis Braille se révèle un élève brillant qui excelle dans toutes les matières et reçoit toutes les récompenses.

C’est durant ses années d’études que le jeune garçon assiste à la présentation faite par Charles Barbier de La Serre de son système de sonographie. Louis Braille, qui n’a que 12 ans, considère la méthode Barbier comme une avancée extraordinaire mais en pointe rapidement les limites. Le système de sonographie qui assure une transcription phonétique des mots, sans lien avec l’orthographe ou la ponctuation, n’autorise en effet pas les nuances, tandis que la largeur de la cellule est trop grande pour être lue par la pulpe du doigt. Mais Barbier prend ombrage des remarques du jeune élève, alors Louis travaille sans relâche, de son côté, afin de perfectionner le système. Il y consacre tout son temps libre pendant 6 années. En 1827, le jeune homme a 18 ans lorsque son alphabet, calqué sur celui des voyants et plus sur les sons, est prêt. Deux ans plus tard, sa méthode est publiée dans « Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux ». L’alphabet braille était né.